Du Congo à l’Alsace, l’itinéraire diaconal de Godefroid Ngoma

 

Godefroid portant l’aube léguée par son grand-oncle évêque

Depuis l’automne dernier, Godefroid Ngoma est en stage dans la communauté de paroisses  Terre de Rencontre à Colmar. Il sera ordonné diacre en vue de devenir prêtre par Mgr Luc Ravel le 4 octobre prochain à 15h en la cathédrale de Strasbourg. Pour le séminariste de 45 ans, originaire du Congo Brazzaville, cette ordination intervient après un très long cheminement qui l’a conduit d’Afrique jusqu’en en Alsace.

 

Ensemble en chemin : Parlez-nous de vos origines.

Godefroid Ngoma : Je suis né en 1975 au Congo Brazzaville, dans une famille croyante de 9 enfants. Très tôt j’ai ressenti le désir de donner toute ma vie à Dieu à travers la prêtrise. J’avais l’exemple de prêtres missionnaires français, et surtout de mon grand-oncle dont je porte le prénom : Mgr Godefroy Mpwaty, premier évêque autochtone du diocèse de Pointe-Noire, sur la côte ouest du Congo Brazzaville.

E.C. : Qu’est-ce qui vous a conduit à être ordonné en France pour le diocèse de Strasbourg ?

G.N. : Ma formation de séminariste est loin d’avoir été une ligne droite.

Après le petit séminaire et avant la fin de mes études au grand séminaire de Brazzaville, voilà que la guerre civile m’a forcé à interrompre mon parcours. S’en sont suivi successivement : une formation complémentaire en philosophie tout en enseignant la religion pour subvenir à mes besoins, une reprise des études de théologie dans le pays voisin de la République Démocratique du Congo, puis une nouvelle interruption suite à l’arrêt du soutien financier par ma famille après la mort de mon père. Je me suis alors tourné vers l’Alsace, région d’où sont venus tant de missionnaires pour évangéliser l’Afrique. Mais à mon arrivée à Strasbourg en 2011, Mgr Grallet a souhaité que je vive auparavant une expérience professionnelle afin de consolider mon discernement. J’ai trouvé des emplois dans le domaine de l’alimentation, d’abord à Strasbourg puis en région parisienne, avant de rejoindre finalement les séminaristes alsaciens quelques années plus tard.

l’église du Saint-Esprit, dans la paroisse où Godefroid a grandi

E.C. : Ce long chemin vous demandé une grande patience. Comment avez-vous pu persévérer ?

G.N. : L’appel au sacerdoce a toujours été présent au fond de moi. Je ne me suis pas découragé. Dieu m‘a donné la vie et je veux le remercier en me mettant totalement à son service. Je médite souvent ce passage du Psaume 125 « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie… ». Dans mon pays je garde l’image d’églises pleines, débordant de joie et de danses. Je me souviens de mon étonnement en arrivant en Alsace : « Comment peut-il y avoir si peu de monde dans de si belles églises ! » Alors je prends à mon compte cette parole  Jésus : « La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux ». Par cette ordination l’Eglise m’envoie en mission.

E.C. : Vous serez ordonné le 4 octobre prochain. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

G.N. : Je suis très heureux que mon évêque, au nom de l’Eglise, confirme l’appel reçu. J’ai appris depuis peu que nous serions deux à être ordonnés diacre ce jour. Je serai aux côtés de  Francisco Rojas, que j’ai côtoyé au Séminaire de Strasbourg et qui a, entre-temps, poursuivi sa formation dans le cadre du néocatéchuménat. La date du 4 octobre correspond à la fête de saint François d’Assise, un saint que j’ai appris à mieux connaître et à aimer depuis mon arrivée en France. J’y vois un signe discret de la Providence. Et je me réjouis de la participation des chorales Sainte-Cécile de Saint-Vincent de Paul et de Soultz (lieu de ma première insertion pastorale) ainsi que des chorales africaines de Terre de Rencontre et de Strasbourg, pour embellir la célébration.

Godefroid remercie tous ceux qui l’ont accueilli à Colmar tout au long de cette année, particulièrement lorsque, comme pour tant d’autres, il a été fortement touché par le coronavirus. Il a beaucoup appris sur le sens du service : Terre de Rencontre est un lieu où l’attention aux plus démunis n’est pas un vain mot. Le futur diacre invite tous ceux qui le peuvent, à le soutenir par leur présence et leur prière lors de son ordination à Strasbourg.